in Le poème de la Sainte Liturgie (1926), cité in Christian Arnsperger, L’existence écologique, Seuil 2023, p. 360.
La vie nous révèle à nous-mêmes comme une capacité d’infini. C’est là le secret de notre liberté. Rien n’est à notre taille et l’immensité des espaces matériels n’est qu’une image de notre faim. Toute barrière nous révolte et toute limite exaspère nos désirs. C’est aussi la source de notre misère. Une « capacité » n’est qu’une aptitude à recevoir. Une capacité d’infini est une indigence infinie, qui exige d’être comblée avec une urgence proportionnelle à ses abîmes. Ce n’est pas à notre corps, bien évidemment, qui n’est qu’un point dans l’univers, que nous devons cette ampleur illimitée du vouloir. Notre âme s’y révèle, et la qualité des nourritures qui doivent nous combler : c’est dans l’invisible seulement qu’elles se peuvent rencontrer, dans l’univers intérieur de l’Esprit.